vieillesse et mort sociale des personnes âgées

mise à jour 23/01/2019

Sujet grave s'il en est et quoiqu'on veuille bien en dire, sujet tabou.

J'avais voici un peu plus d'un an (sauf erreur) pris connaissance de 14 propositions faite par l'association des Petites Frères des Pauvres détaillées ci-dessous.

Elles valent la peine d'être lues, connues, diffusées et soutenues.

J'y ajoute un petit commentaire :

L'allongement de la durée de vie est une réalité dont j'ai envie de dire que c'est heureux qu'il en soit ainsi. Mais se pose alors de façon d'autant plus "pointue" la question du vivre bien en tenant compte des besoins spécifiques des personnes âgées, tout autant que l'on apprend à tenir compte des besoins des tout-petits, des enfants, ados, étudiants, etc... à chaque âge => ses besoins.

Même si au bout du chemin, la mort nous attend, l'oblitérer en oubliant de prendre soin des personnes âgées ne changera pas la réalité qui veut que toute vie commencée a une fin : la mort. Cela peut d'ailleurs être l'occasion pour les personnes âgées dont "l'avenir" est de mourir à terme, même si ce terme n'est pas connu, d'intégrer aux propositions ci-dessous un point 15, à débattre avec les autorités compétentes : médecins spécialisés, psy...., services sociaux et médicaux, et mieux encore des personnalités/organisations à même de proposer une démarche spirituelle (sinon religieuse), pour proposer aux personnes qui le souhaitent, et seulement celles-là, d'aborder sans tabou et avec humanité la notion de vie après la mort ou simplement la mort, ultime passage vers autre chose dont personne n'est encore revenu pour dire de quoi c'était fait.

Il faut préciser qu'il est utile et même sensé d'évoquer le thème de la mort, simplement parce que statistiquement une personne âgée a plus de risques de mourir qu'une personne jeune, celle-ci a contrario n'a pas non plus la garantie d'atteindre l'âge honorable de la retraite.

Il me semble que considérer le thème de la mort comme tabou n'est pas un service à rendre aux personnes âgées (voire à leur famille). A contrario, il n'y a pas lieu de jouer les morbides et d'évoquer le sujet à tout va et a fortiori auprès d'une personne qui prefèrerait faire l'impasse.

Cette digression faite, revenons à nos moutons "retraités" bien vivants. Une personne commence sa vie de retraité(e), phase importante s'il en est, en réalisant à quel point son âge est devenu "critique" et la fait changer de catégorie pour entrer dans le  3ème puis 4ème âge, avant d'atteindre "l'âge de glace" je suppose 😀... Bref, on a droit aussi à un qualificatif rajeuni qui est Sénior. Avantage de ce nouveau statut : eh bien, justement tout à coup, grâce à votre âge honorable, vous avez droit à des tarifications spéciales, tenant compte aussi de la diminution de vos ressources dorénavant baptisées "pension de retraite". Reconnaissons que les ressources des inactifs, tout comme pour les actifs d'ailleurs, différent très sensiblement d'un(e) retraité(e) à l'autre, certain(e)s devant se contenter du minimum vieillesse pendant que d'autres sont très à l'aise (simple constat).

Mais quelque soit son niveau de revenus, chaque retraité(e) se verra gratifié(e) du nouveau statut de sénior  dont on peut se demander s'il est plus facile à "porter" que d'entendre parler de 3ème âge ? mais peu importe comment on le qualifie, on ne parle ni plus ni moins que de la Retraite.

Ce passage est une étape délicate que chaque personne concernée vit selon ses circonstances propres : personnelles, familiales et financières sans parler bien sûr de la santé.

Nous vivons dans une société où le "jeunisme" est de rigueur. Etre vieux/vieille et s'assumer comme tel(le), sans complexe et sans malaise/mal être, n'est pas si simple lorsque paradoxalement on se sent bien et jeune dans sa tête et dans son corps. Je pense aussi qu'il ne faut pas sous-estimer l'importance du regard de la société qui cristallise sur les retraités, également qualifiées de "personnes âgées", ses propres peurs et préjugés sur cette étape de la vie que peu d'humains voient arriver avec sérénité....

Je vous laisse donc lire ces propositions des petits frères des pauvres sur ce sujet délicat, en ces temps de jeunisme exacerbé et de pertes de repères sur le sens de la vie et de la mort.

14 propositions concrètes

Les petits frères des Pauvres formulent 14 propositions pour lutter contre l'isolement des personnes âgées, combattre l'exclusion numérique et créer des conditions favorables pour le quotidien des personnes âgées.

Lutter contre l’isolement des personnes âgées
1. Se doter d’une définition partagée de l’isolement social des personnes âgées

Les petits frères des Pauvres proposent de créer et piloter à l’horizon 2018 un groupe avec toutes les parties prenantes (pouvoirs publics, associations, instances représentatives, experts) pour travailler sur une définition de l’isolement des personnes âgées qui permettra, à travers la production de travaux, rapports, études sur le sujet, de proposer et de mettre en œuvre des dispositifs et solutions adaptés.

2. Renforcer les coordinations inter-acteurs sur les territoires

Nous sommes convaincus que la mutualisation et la coordination des acteurs sur les territoires sont primordiales. C’est pourquoi les petits frères des Pauvres sont partie prenante de MONALISA (Mobilisation Nationale contre l’Isolement des Agés) et sont co-animateurs de 24 coordinations départementales.

3. Repérer les personnes âgées les plus isolées

Il est essentiel de maintenir les services de proximité (bureaux de poste, commerçants, médecins) et les CCAS qui sont souvent les « derniers signaleurs » des situations d’isolement et de renforcer les partenariats avec ces acteurs dans une logique commune d’efficacité.

4. Créer du lien social de qualité

Les petits frères des Pauvres sont depuis plus de 70 ans des créateurs de lien social. L’accompagnement dans la durée, grâce à un investissement bénévole régulier est un savoir-faire des petits frères des Pauvres. L’essentiel, c’est d’offrir à une personne âgée isolée la possibilité d’avoir une relation de qualité, basée sur la confiance, les échanges, l’occasion aussi de pouvoir parler de préoccupations personnelles, d’avoir un soutien moral et affectif. Une stratégie forte de développement de l’Association depuis plusieurs années permet la création de nouvelles équipes sur de nombreux territoires et de proposer des dispositifs innovants comme Voisin-Age qui favorise les solidarités de proximité.

5. S’opposer à la marchandisation du lien social ==j'ai vu la publicité de la Poste et sincèrement j'approuve cette proposition ==

Depuis plusieurs mois, des entreprises commerciales utilisent la lutte contre l’isolement des personnes âgées pour proposer des services payants. Pour les petits frères des Pauvres, restaurer le lien social doit rester une démarche gratuite entre personnes qui ont choisi de se rencontrer. Les offres payantes sont des offres de service qui peuvent permettre d’aider les personnes âgées dans leur vie quotidienne mais ne peuvent en aucun cas se présenter comme des acteurs de la lutte contre l’isolement. De plus, ces offres excluent de fait par leurs tarifs les personnes âgées en situation de précarité financière qui sont les plus isolées.

6. Sensibiliser l’opinion publique aux conditions de vie des personnes âgées

Association de référence dans la lutte contre l’isolement des personnes âgées, les petits frères des Pauvres vont proposer aux pouvoirs publics de lancer une campagne nationale de sensibilisation auprès du grand public pour changer de regard sur le grand âge et mobiliser à l’engagement.

Forts de leur mission sociale Témoigner-Alerter, les petits frères des Pauvres vont amplifier leur action de plaidoyer et intensifier la mobilisation engagée depuis 9 ans le 1er octobre, journée internationale des personnes âgées autour de l’opération « Les fleurs de la fraternité ».

Combattre l’exclusion numérique des personnes âgées
7. Proposer un environnement « web-friendly » aux personnes âgées

En matière de sociabilisation, Internet a bouleversé la donne. Même si ces liens digitaux ne remplacent pas les interactions en face-à face, et si le virtuel ne remplace pas l’humain, ces deux mondes ne s’opposent pas. Au contraire, l’étude montre clairement que la privation de liens digitaux est corrélée avec l’absence de liens (contacts physiques ou téléphoniques). Installer un contexte facilitant dans des lieux fréquentés par les personnes âgées est une priorité pour leur permettre de s’intéresser et d’accéder aux outils numériques. Le CA des petits frères des Pauvres a voté, en septembre 2017, une stratégie digitale pour l’Association dans laquelle l’accès et l’usage au numérique des personnes accompagnées est central. Les petits frères ont décidé de doter d’ici 2018 ses 30 établissements d’un réseau Wi-Fi, d’équipements adaptés (tablettes) et d’accompagner les personnes accueillies dans les maisons avec un personnel formé aux usages numériques.

8. Permettre aux personnes âgées qui le souhaitent d’apprendre à utiliser les outils numériques

Au-delà d’un espace où l’on s’exprime, où l’on participe, où l’on échange à distance avec des proches ou des inconnus, Internet est aussi devenu un outil indispensable pour effectuer des démarches administratives, des achats. Même si de nombreuses initiatives publiques, privées ou associatives proposent des services pour faciliter l’accès ou les démarches en ligne, les personnes âgées souhaitent conserver leur autonomie dans les actes de la vie courante. L’avancée en âge ne doit pas être synonyme d’inaptitude, de perte des facultés et de désintérêt pour les nouvelles technologies. Pour les petits frères des Pauvres, il est important de permettre aux personnes âgées qui le souhaitent d’apprendre à se servir seules de ces nouveaux outils en privilégiant la création d’ateliers ludiques et récurrents (préférables à de longues séances de formation) et de dédramatiser les échecs. « Faire avec » la personne pour la laisser décider par elle-même de l’intérêt qu’elle y trouve.

9. Demander aux pouvoirs publics de mettre en place rapidement un plan national d’envergure pour lutter contre l’exclusion numérique des personnes âgées

« Ne pas bénéficier du numérique aujourd’hui au quotidien, c’est être exclu ! » a déclaré il y a quelques semaines Mounir Mahjoubi, secrétaire d’Etat au Numérique. Les petits frères des Pauvres demandent un rendez-vous à Monsieur Mahjoubi et proposent de travailler avec les pouvoirs publics pour résorber de façon concrète cette exclusion. Cela implique aussi que les services administratifs ne précipitent pas la dématérialisation et prennent en compte la situation des personnes âgées.

10. Tenir compte de l’évolution du grand âge

Affiner en les adaptant les politiques publiques pour les plus de 60 ans en tenant compte des différentes classes d’âge et de leurs problématiques, en s’attachant plus particulièrement aux problématiques des plus de 85 ans qui deviennent la classe d’âge « à haut risque » en termes d’isolement et de perte d’autonomie.

Créer les conditions favorables pour le quotidien des personnes âgées
11. Maintenir les commerces et services de proximité et favoriser les transports adaptés

Il est fondamental que les collectivités locales intègrent dans leurs plans d’urbanisme la question des besoins des personnes âgées et, par exemple, réfléchissent avant de « délocaliser » les commerces des centres-villes vers des zones extérieures souvent inaccessibles pour les personnes âgées.

12. Promouvoir les formes alternatives d’habitat pour les personnes âgées

Le souhait de rester à domicile est plébiscité par les Français. Les maisons de retraite, espaces d’accueil indispensables, demeurent - avec des tarifs souvent élevés- la seule solution quand l’isolement et la vieillesse fragilisent le maintien à domicile. Il est urgent de promouvoir des solutions pour mieux répondre aux attentes des personnes âgées. Des lieux innovants existent déjà : « petites unités de vie », logements groupés, colocation, béguinage… Comme le démontre l’étude réalisée récemment par le collectif « Habiter Autrement », ce sont des lieux essentiels dans la lutte contre l’isolement et qui retardent la perte d’autonomie. Pourtant, la réglementation sociale et médico-sociale peut freiner l’émergence de ces projets par souci de protéger et d’apporter toute la sécurité possible. Les politiques publiques doivent oser l’innovation sociale et intégrer les souhaits et les besoins des personnes âgées. Les petits frères des Pauvres viennent de transmettre les conclusions de cette étude aux ministres concernés et sont dans l’attente d’un rendez-vous.

Lutter contre la précarité financière
13. Renforcer l’accessibilité financière des services d’aide à domicile

14. Sortir d’un minimum viellesse en dessous du seuil de pauvreté

Il existe un triptyque infernal précarité-vieillissement-isolement. La pauvreté et la perte d’autonomie favorisent l’isolement et donc la solitude. Sortir d’un « minimum vieillesse » sous le seuil de pauvreté devrait être un objectif affiché de notre système de retraite, explicite et garanti dans le temps. Il apporterait une vraie confiance dans l’avenir pour toutes les générations.

actualisation janvier 2020 : 

j'ajoute le lien publié par les Petits Frères des Pauvres qui comporte 10 propositions à l'adresse des politiques dans la perspective des Municipales 2020.

je vous laisse les découvrir mais vous verrez qu'elles rejoignent les propositions ci-dessus, ce qui tend à prouver que beaucoup est et reste à faire...


https://www.petitsfreresdespauvres.fr/informer/nos-actualites/municipales-2020-10-mesures-contre-l-isolement-des-personnes-agees-proposees-par-les-petits-freres-des-pauvres?m_i=21MZSBMcr3TKH7vQh6EpmBhcHOzO5VWCNGlwOlIarDfltG3i3Z%2Bup8Z_3UKw3nGAHrJb5K%2B2VsqYYIafcF7%2BhmwJxvL22t&utm_source=newsletter230120&utm_medium=email