Préalable

Avant de me lancer sur le thème de l'Afrique, il m'a semblé utile de donner quelques précisions sur mon parcours pour replacer mon expérience sénégalaise, dans mon contexte personnel :

J’ai vécu deux ans en Afrique, plus précisément au Sénégal. Vous me direz le Sénégal pour une Française, c’est pas le plus difficile et ce n’est pas faux.

Avant cela, j’avais déjà eu l’opportunité de vivre et travailler à l’étranger à plusieurs reprises.

Ainsi, j’ai débuté mon « vagabondage » international par Londres, un peu par "simplicité" car j’y étais allée au pair une première fois.

A Londres, j’ai vécu en direct et avec les Anglais le décès et les obsèques de Lady Diana, moment particulier dans la vie des Anglais. Nous ne connaissions pas alors l’expression « nous sommes tous… » Anglais à ce moment-là, mais c’était sûrement un sentiment partagé à l’échelle internationale ou presque.

Après un retour en France, je suis repartie cette fois aux Etats-Unis : Washington. . Nous avons vécu avec ma fille les attentats du 11 septembre, en direct aussi pour le coup. Et c’est là que nous sommes devenues « Américaines » en même temps qu’une grande partie de la planète. Les Etats-Unis ont envahi l’Afghanistan, puis l’Iraq : étions-nous toujours Américaines ? oui sûrement, ce qui ne voulait pas dire que nous partagions les idées du Président Bush. Le french-bashing était alors monnaie courante aux Etats-Unis mais nous restions le cœur accroché aux Américains malgré tout.. Période intense et particulière, à titre personnel aussi.

Après un autre retour en France, nouveau départ « coup de tête ; coup de cœur » pour Beyrouth cette fois, en août 2006. La guerre de l’été 2006 entre Israël et le Liban venait juste de se terminer, marqué officiellement par l’« arrêt des hostilités », l’embargo maritime a ensuite été levé courant septembre. La période 2006 à 2008/2009 a été ponctuée d’attentats ciblés, et l’on se surprend à « s’habituer » à ce qu’un attentat survienne à tout moment tout autant que l’on se surprend aussi à sursauter au moindre bruit un peu fort, ressemblant à une explosion (pétard…).. Cela allait même plus loin, j’étais devenue sensible ne serait-ce qu’à un claquement de porte… J’ai aimé le Liban, je me suis sentie pour le coup « Libanaise ». Cette relation d’affection entre le Liban et la France est forte et s’appuie tout en autant sur l’histoire que la culture et la langue que les deux pays ont en partage. Les Libanais ont une expression que j’ai entendue un certain nombre de fois « Notre grande sœur la Syrie, notre petite mère la France », tout est dit ! y compris de la complexité de la relation entre le Liban et la Syrie. J’ai profité de ce séjour libanais (4 ans) pour apprendre et découvrir ce Moyen-Orient compliqué, non par des voyages dans la zone mais bien plus par des lectures et la vie quotidienne à Beyrouth. Je ne peux m’empêcher d’avoir une opinion bien plus nuancée sur ce qui s’y passe que ce qu’on peut lire ou entendre dans nos médias occidentaux, bercés par le politiquement correct et la bien-pensance à moins qu’ils ne soient aussi « sous influence », qui sait ? sans m’éparpiller, j’aimerais juste mentionner ne serait-ce qu’un livre sur la Syrie « quand la Syrie s’éveillera » de R. Labévière et T. El Atrache, édité janvier 2011, le « printemps » syrien a débuté en mars 2011 mais je ne crois pas que les auteurs envisageaient que la Syrie « s’éveille » de cette manière. Je vous laisse le lien si cela vous intéresse.

 https://www.amazon.fr/Quand-Syrie-s%C3%A9veillera-Talal-EL-ATRACHE/dp/2262033781

Retenons seulement que tout n’est jamais ou noir ou blanc, au Moyen-Orient comme ailleurs.

J’ai donc quitté Beyrouth en 2010, pour rejoindre … New Delhi ! autant dire un saut dans l’inconnu ! on y perd ses repères occidentaux : une leçon ! on est témoin d’une grande pauvreté qui côtoie aussi une classe moyenne indienne qui émerge et une classe aisée qui a toujours été là. Le système des castes bien qu’aboli depuis 1947 régit encore beaucoup les relations sociales qui sont très « codées ». On peut ainsi constater que nos «valeurs » occidentales ne sont pas les seules qui servent de repères à l’humanité sur notre petite planète, et je dirais c’est tant mieux. Je suis restée deux ans en Inde, l’expérience fut intense sur le plan professionnel. Sur le plan personnel, cela m’a permis de « recadrer » mes repères, d’élargir « mes horizons », au propre comme au figuré.

Je suis rentrée à Paris, on pourrait dire « à ramasser à la petite cuiller », je ne sais pas si vous connaissez l’expression, mais elle me paraît appropriée.

Pour autant, et comme les petites fourmis me grattent facilement la plante des pieds, j’ai eu envie de repartir : mais voilà, où ? petit tour d’horizon :

Amérique du Sud : peut-être…

Asie-Océanie : Chine, Japon - Australie, Nouvelle Zélande : pourquoi pas ? mais bon…

Afrique : ah ?! pourquoi pas ? je me suis quelques fois posé la question de savoir si ce continent pouvait m’intéresser, m’attirer ? en réalité, la réponse était qu’il m’impressionnait ! pourquoi ? par son immensité, sa pauvreté, son histoire : berceau de l’humanité tout de même, c’est pas rien ! l’esclavage, le colonialisme, les guerres, la famine,… et j’en passe.

J’avais effectué un petit séjour en 2004 à Port au Prince, Haïti, certes, ce n’est pas l’Afrique mais tout de même, il y a des points communs dont la pauvreté n’est pas la moindre. Et Haïti malgré la rapidité de mon séjour m’avait « plu », je l’avais trouvé attachant, voire touchant par la simplicité, la gentillesse notamment des Haïtiens.

Et donc, après quelques réflexions, en me disant que j’aime apprendre, découvrir, comprendre, connaitre, l’Afrique pouvait s’avérer une « expérience » à faire.. en choisissant le Sénégal, j’ai choisi la « facilité » : le pays a la réputation sur le continent africain de profiter d’une belle stabilité politique ; c’est un pays francophone et (encore) francophile, qui a en commun avec la France, comme pour le Liban, des liens historiques et culturels sans doute un peu compliqués quelques fois mais réels et c’est sans doute ce qui explique qu’on trouve au Sénégal beaucoup de …. Libanais qui y sont installés (outre la stabilité politique sénégalaise, les opportunités économiques et commerciales du pays ne peuvent échapper à nos amis Libanais, souvent commerçants et hommes/femmes d’affaires dans l’âme). Africains et Libanais ont aussi en commun un état d’esprit « survivaliste », habitués qu’ils sont à l’adversité, à la subir tout autant qu’à la surmonter, en comptant d’abord sur eux-mêmes.

Pour revenir à nos « moutons » sénégalais et mes choix, j’avais le sentiment qu’après l’Inde, le Sénégal ne pouvait être si « compliqué ».

Et donc, « off we go !» diraient les anglo-saxons : « c’est parti !»….

La suite au prochain numéro…un peu de patience !   🙂